Dans le tourbillon de l’affaire Cantat-Trintignant
Chaque mois, un correspondant partage un événement qui a marqué sa vie professionnelle. Battement d'ailes ou tsunami - l'épisode qui suit est resté ancré dans sa mémoire de journaliste. Aujourd'hui, destination Vilnius en Lituanie, 20 ans après la mort de l'actrice Marie Trintignant.
Par Marielle Vitureau, correspondante du Courrier d’Europe centrale en Lituanie et journaliste spécialiste des pays baltes pour RFI, Courrier International et Le Figaro. Autrice des Lituaniens (éditions Henry Dougier) et du Dictionnaire insolite des pays baltes (éditions Cosmopole).
Ce dimanche matin de la fin juillet 2003, il fait beau à Vilnius. Je sors boire un café et j’achète les journaux. Tous ont la même « Une ». Il me faut quelques minutes pour réaliser ce que j’y lis. À ce moment, j’habite déjà à Vilnius depuis quelque temps, je parle lituanien. Après avoir travaillé dans la radio locale Laisvoji Banga comme journaliste pour une émission de musique française et pour un mensuel allemand Die baltische Rundschau, publié en Lituanie, j’ai commencé à proposer des correspondances pour Radio France Internationale. Tout se fait par téléphone — la numérisation de la radio n’arrivera qu’en 2006 — et le rythme n’est pas très soutenu. Mais mon numéro de téléphone est quelque part dans leurs carnets d’adresses.
À peine le temps de lire les titres que les premiers appels arrivent. D’abord Radio France Internationale, puis tous les autres. À Paris et ailleurs, mon numéro de téléphone circule dans toutes les rédactions, même dans celles des stations les plus improbables comme Radio Fréquence Jura. Tous me posent les mêmes questions : « Mais comment ? Bertrand Cantat et Marie Trintignant sont en couple ? Ce n’est pas une erreur ? Et comment cela a-t-il pu se produire ? Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’ils font en Lituanie ? »
À Vilnius aussi, tout le monde est sonné. L’équipe de Nadine Trintignant est déjà présente en Lituanie depuis plusieurs semaines. Toute la communauté française et francophone est en ébullition. Tout le monde a eu son rôle dans le téléfilm. Sanglée dans un corset, les cheveux bouclés et relevés, je me suis moi aussi retrouvée à donner une courte réplique dans l’une des scènes les plus sulfureuses du téléfilm. Celle où Colette, interprétée par Marie Trintignant, se montre nue lors d’une représentation théâtrale. La scène a été tournée dans le théâtre Vaidilute de Vilnius qui fait office aussi parfois à l’époque de boîte de nuit.
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